Le trafic d'ivoire prend de l'ampleur dans les pays forestiers du bassin du Congo, malgré les mesures de protection adoptées au niveau régional pour assurer la protection intégrale des éléphants.
Au Congo-Brazzaville, au Cameroun, au Gabon et en République centrafricaine, des circuits mafieux organisés par des commerçants ouest-africains en complicité avec les populations locales et des agents de l'ordre, sont très actifs, indique une étude menée récemment pour le compte de l'Union européenne (UE) par une équipe de spécialistes de protection de la faune.
D'après cette étude, la recrudescence du trafic de l'ivoire s'explique par les difficultés financières en milieu paysan et la montée du chômage parmi les diplômés sans emplois.
Le pouvoir d'achat des paysans dans les régions du bassin du Congo est très faible. Estimé à 500 FCFA (0,77 euros) par jour il ne permet pas aux paysans de subvenir aux besoins de leurs familles alors que la vente d'une "pointe" - défense - d'ivoire peut rapporter 15.000 FCFA (22,95 euros).
La recrudescence du braconnage fait suite à une forte demande d'ivoire au cours des trois dernières années. En 2001, le nombre de saisies d'ivoire opérées par des éco-garde a augmenté de 8,60% au parc d'Odzala (Congo) contre 3,58% en 1999.
Mais dans le même temps, à Mbomo, localité voisine du parc, l'ivoire est passée à 8.000 FCFA le kilogramme (12,24 euros) contre 2.000 en 1997 (3,06 euros), d'après l'étude de l'UE.
L'ivoire est ensuite commercialisée dans les grandes villes comme Brazzaville, Kinshasa, Libreville, Bangui et Douala à travers des circuits mafieux organisés par des commerçants ouest-africains. Elle est ensuite exportée en Afrique de l'Ouest et en Asie où ce trafic juteux rapporterait aux intermédiaires près de 20 millions de FCFA (30.600 euros), précise l'étude.
Pour mieux couvrir le trafic, nombreux sont les commerçants qui se sont installés dans des localités voisines des parcs nationaux où ils ont ouvert des boutiques.
Le bassin du Congo est le deuxième massif forestier du monde après l'Amazonie. Il regroupe le Congo, le Gabon, le Cameroun, la Guinée équatoriale, la République démocratique du Congo (RDC) et la République centrafricaine.
Tous ces pays sont membres de la convention internationale des espèces de la flore et la faune (CITES) qui garantit la protection des espèces menacées.
Principal partenaire impliqué dans la protection des aires protégées dans le bassin du Congo, l'UE finance notamment le projet Ecosystème forestier d'Afrique centrale qui vise à la protection et au développement des parcs nationaux.
Dans la périphérie du parc national d'Odzala dans la région de la Sangha au nord du Congo, une centaine d'éléphants sont abattus chaque année. Non loin de là, dans le parc national de Nouabalé Ndoki dans la région voisine de la Likouala, les pachydermes sont rares dans un rayon équivalent à deux jours de marche, ajoute encore l'étude.
La population des éléphants qui était de 50.000 dans les années 90 est passée à moins de 30.000 du fait du braconnage qui s'est intensifié, affirme Dominique Nsoso, directeur par intérim de la faune et des aires protégées au ministère congolais de l'Economie forestière et de l'Environnement.
Au Gabon, où le nombre de pachydermes est estimé à 20.000, entre 500 et 1.000 d'entre eux sont abattus chaque année. Quant à la république centrafricaine elle ne comptait plus en 2001 que 400 éléphants vivants, souligne l'étude.
"Nous avons pris au plan régional des mesures pour combattre le braconnage dans des zones transfrontalières, mais les braconniers sont encore très actifs", déplore M. Nsoso.
© AFP.
Transmis par SOS-Planete, le site de l'association Terre sacrée, BP N°20, 83149-BRAS (France),
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